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Gabrielle

            Gabrielle déposa son plateau et s’assit à la même table que les soldats de son unité, dans le réfectoire. Grow gardait la mine sombre. Ryan avait été enterré dignement le matin même. A leur retour de mission, ils l’avaient retrouvé indemne grâce aux précautions qu’ils eurent prise afin de préserver son corps. Personne ne pipait mot, peu enclins à converser alors qu’ils venaient de perdre un coéquipier, et un ami. Gabby ne serait pas la première à engager une discussion, se contentant de grignoter silencieusement sa mie de pain. John les rejoignit de son pas nonchalant, jetant son plateau tant et si bien qu’il manqua de renverser le gobelet d’eau de Vincens. Il s’excusa avec un sourire amusé, et lui vola son dessert. Habituée, Gabrielle ne fit aucun commentaire. Depuis des années, elle avait prit le reflexe de ne prendre un dessert que pour lui, consciente qu’elle ne le mangerait pas. Les regards journaliers mués de surprise et de mépris se tournèrent vers eux, de la part des autres unités. Ce n’était pas la place d’un pilote de Bionique d’être auprès de soldats d’infanterie et encore moins dans un réfectoire tel que celui-ci. John aurait du se trouver avec les siens, à s’empiffrer de poulet rôtis juteux au lieu d’une purée fade et à la couleur douteuse. Les pilotes de Bionique, dans cette petite caserne, n’étaient que trois. Ceux-ci ne se comptaient que sur les doigts de la main dans l’armée Républicaine, en territoire français, les principales forces bioniques étant placées aux frontières de l’Asie et des pays islamistes. La nation restait sous tensions, dans une nouvelle guerre froide. Ils ne pouvaient se permettre de laisser les précieux Bioniques au cÅ“ur des territoires qui ne courraient aucun risque immédiat. Braham était donc un des soldats les plus choyés et dorlotés de l’armée, écopant de nombreux traitements de faveurs. Ayant un Q.I à trois chiffres, et doté de capacités d’ingénierie exemplaires, il était l’une des rares personnes à pouvoir contrôler un Bionique et à avoir été choisis par l’un d’eux.  Et, surtout, capable d’apporter des améliorations lui-même à son Méca qu’il nommait affectueusement « J.J Â» pour « John Junior Â». J.J se trouvait, de ce fait, être l’un des meilleurs Bioniques de la République. Ce qui glorifiait d’autant plus le nom de Braham, le pilote de J.J et celui qui avait su apporter les nouvelles technologies à celui-ci, et son statut bien au-dessus des autres au sein de l’armée. Bien qu’il s’en regorge ouvertement, John persistait tout de même à manger avec l’unité d’infanterie du lieutenant Vincens et participer le plus souvent possible à ses missions. Ayant le droit de veto, Braham s’était permis de s’assigner lui-même au groupe de Gabrielle. La jalousie et l’envie firent donc partis du quotidien de Gabby, qui devait non seulement supporter les regards en biais mais aussi les remarques acerbes dans son dos. Mais, comme toujours, la jeune femme se contentait de les ignorer, se sentant peu concernée voire pas du tout.

          Le déjeuner se déroula donc dans un silence des plus complets parfois brisé par John qui tentait d’alléger l’atmosphère par quelques plaisanteries qui n’eurent pas l’effet escompté. A la fin, Grow finit par lancer une remarque qui glaça ses compagnons.

 

  • Je tuerai tous ces chiens de Résistants jusqu’au dernier., maugréa-t-il.

 

La spontanéité d’une telle rage de cœur surpris tout le monde. Grow laissa froidement tomber son quignon dans la purée à laquelle il avait à peine touché. Le réfectoire devint silencieux, interpellé par le bruit de chaise grinçant de Grow lorsqu’il se leva de rage.

 

  • Assis, Grow., ordonna Gabrielle.

 

Son subordonné hésita, le ton du lieutenant ayant été si autoritaire qu’il aurait pu faire plier le Chef Suprême lui-même.

 

  • A ta place, j’obéirai., conseilla John en dégustant son dessert, comme peu intéressé.

 

Grow se rassit, cachant son visage entre ses mains. John jeta un coup d’œil vers Gabrielle qui ne dit rien de plus. Mais il la connaissait si bien qu’il devina aisément ce qu’elle ferait après le déjeuner. Et cela ne se fit pas attendre.

 

  • Entrainement dans dix minutes., se contenta de lâcher Gabby en se levant.

 

Braham ne put s’empêcher de laisser échapper un petit rire.

 

 

                L’unité de Gabrielle avait revêtu le treillis et un simple t-shirt blanc ainsi que leurs rangers, tenue sportive habituelle. John s’était installé dans le gymnase, dans un coin après avoir trainé une chaise du réfectoire jusqu’ici. Assis à califourchon, ses yeux verts pétillaient d’impatience. Gabrielle supervisait l’échauffement de sa petite troupe, qui rechignait de devoir subir une activité sportive juste après le déjeuner. Grow ne mettait pas d’ardeur à la tâche. Il ne participa qu’avec peu de conviction à la seconde phase de l’échauffement, soit celui du combat rapproché. Il se contentait de faire ses mouvements, et de prendre des coups malencontreux de son partenaire. Gabrielle ne le quitta que rarement des yeux, l’œil sévère. L’échauffement terminé, le petit groupe resta debout en ligne, hors du tapis. Même si la lassitude se lisait dans leur regard, ils restaient tous disciplinés. Gabby paraissait minuscule, face à ces géants. Mais chacun baissait le regard respectueusement, ce qui amusa de plus belle John.

 

  • Grow et O’lagam. Au centre., lança-t-elle.

 

Les deux hommes s’exécutèrent.

 

  • Désarmement., ajouta Gabby en tendant une arme de poing factice à O’lagam.

 

Ce devrait donc être à Grow de procéder à sa défense, au désarmement, et à la maitrise de son adversaire. O’lagam mit en scène son embuscade, accroupis, l’arme de poing en main. Il se déplaça furtivement autour de Grow avant de le saisir par derrière, le canon factice sur la tempe. Il ne s’agissait pas de simplement jouer une scène, mais d’agir en condition réelle. Aussi, O’lagam devait aussi être dans son rôle jusqu’au bout et ne laisser aucune chance à son adversaire. Grow commença par plier le coude, fléchissant sa jambe d’appuie, en éloignant d’un geste vif le canon sur sa tempe, utilisant soigneusement le coté de sa main et écartant sa tête du champ de tir. Dans la logique de son mouvement, il aurait dû, ensuite, plier le bras de l’agresseur, jouant sur les nerfs du poignet afin de le désarmer et récupérer l’arme. Toutefois, O’lagam porta un coup rapide à l’intérieur de son tibia, le forçant à tomber à genoux. L’écossais pu récupérer la prise sur son arme et mettre en joue Grow à sa merci. O’lagam jeta un coup d’œil à Gabrielle qui resta de marbre, les mains liées derrière le dos. La jeune femme toisa Grow, agacée d’une démonstration aussi décevante. Aucun soldat de l’unité n’osa émettre un commentaire mais tous n’en pensèrent pas moins. Ce n’était pas là une performance digne de Grow, toujours amené à superviser la sécurité de l’unité sur le terrain et veiller sur leur chef. John claqua la langue sur son palais, conscient que le soldat avait agis comme un débutant. Lui-même, bien que pilote, aurait agis différemment. Leur lieutenant ordonna le renouvellement de l’exercice, avec cette fois, deux autres soldats. Le grand costaud au crâne chauve, Jonathan Griban, se plaça à la place de Grow suivis de Fred Miller, un petit jeune d’une consistance plutôt frêle, au visage marqué d’une balafre, qui remplaça O’lagam.

 

  • Désarmement., répéta Gabrielle, imperturbable.

 

Grow s’était glissé parmi ses collègues, toujours l’air ailleurs. Fred et Jonathan répétèrent le contexte sauf que cette fois-ci, bien que les gabaries soient radicalement différents, le combat fut à la mesure du niveau de l’unité de Vincens. Jo’ refit le même mouvement que Grow qui était, effectivement, celui à faire sauf qu’à l’inverse de son prédécesseur, il bloqua le poignet de Fred dans un étau de fer et enchaina aussitôt avec un coup derrière le genou qui fit plier Miller. L’erreur de Griban fut de ne pas récupérer assez vite l’arme de poing. Fred la fit tomber d’un mouvement souple, se débattit une seconde afin de pouvoir la ramener vers son autre main, au sol. Il remit en joue son adversaire qui n’eut d’autre choix que de trouver rapidement un angle mort au risque de se faire abattre. Profitant de ce laps de temps, Fred poussa sur ses jambes et projeta par une forte pression Griban au sol. Il roula sur lui, récupéra son bras et visa la tête de Jo’. Celui-ci donna un coup dans la crosse, bifurqua derrière lui, accroupis, donnant un coup net entre les jambes de Fred. Se faisant, le jeune soldat grimaça sous la douleur, bondissant en avant sous le coup. Griban le saisit à la nuque faisant pression, et donna un coup de talon faisant partir son adversaire en avant, s’effondrant sur le tapis. Rapide malgré sa carrure, Jonathan bloqua la main tenant l’arme et récupéra celle-ci avant de mettre en joue à son tour. Il imita le bruit d’un coup de feu, mettant ainsi un terme à l’exercice. Les soldats firent comprendre leur appréciation par des hochements de tête. Avec un rire gras et enfantin, Jo’ aida Fred à se relever d’une poigne guerrière. Celui-ci participa à son hilarité, un peu étourdis. D’autres firent le même exercice, dans l’esprit de self-défense. Leurs capacités au combat rapproché se trouvaient être bonnes, quoiqu’encore à peaufiner. Pour de simples soldats d’infanterie, elles étaient largement supérieures à ce qui était demandées. Malgré les nombreux passages de Grow, celui-ci ne s’améliorait pas, restant dans le cadre de son chagrin au point qu’il échouait toutes ses prises. John avait compté : en conditions réelles, il serait mort quinze fois. Le pauvre homme s’apprêtait à retourner dans son coin, mais cette fois-ci Gabrielle l’arrêta froidement :

 

  • Grow, reste au centre.

 

Celui-ci obéit, appréhendant la suite. Elle lui jeta l’arme factice. Comprenant son intention, son subordonné la pointa devant lui. Mais il n’eut même pas le temps de terminer son geste. Gabrielle, aussi souple et agile qu’un félin, écarta sa tête du champ, porta ses mains en croix afin de relever celles de son adversaire à une hauteur de sécurité, se saisit du poignet et du canon. Elle fit pression, tordant le poignet de Grow et plia le canon en arrière, lui faisant perdre sa prise, permettant à la jeune femme de récupérer l’arme et de la retourner contre lui en reculant d’un pas respectable tout en enclenchant l’arme dans un bruit sec. Avant qu’il ne réagisse, elle se contenta d’un « bang. Â» plat et laconique. Le mouvement avait duré moins de trois secondes. John soupira de contentement. Les choses devenaient enfin sérieuses. Gabby rendit l’arme à Grow, le défiant du regard. Cette simple provocation titilla le soldat qui serra la mâchoire. Personne n’aimait être remit en place en public, et surtout pas par le lieutenant Vincens. L’humiliation s’en retrouvait être cuisante et mémorable. Grow mit en joue, plus rapide que les fois précédentes, bien décidé à ne pas se laisser humilier de la sorte. Mais Gabrielle, en quelques secondes encore, le priva de son arme. Cette fois-ci, elle reproduisit son mouvement en croix, mais avec un mouvement en arc de cercle de l’un de ses bras, elle bloqua celui de Grow sous le sien, complètement tordu, le remonta d’un geste net qui le força à lâcher l’arme. Elle aurait pu en rester là, mais elle n’était certainement pas encline à faire preuve d’indulgence. De son genou, elle vint cueillir son estomac à deux reprises, sortant de la simulation. Il se plia sous les coups, souffle coupé, incapable de réagir ou du moins n’ayant pas le temps de faire le moindre mouvement. Gabby joua sur ses appuies, faisant gracieusement pivoter son buste, l’arc-boutant sous la pression de son bras de façon à ce qu’elle se retrouve sur sa gauche. Incliné et bloqué, Grow fut totalement immobilisé. Gabrielle vint chercher sa nuque de sa rotule gauche, enroulant sa jambe et l’amenant au sol. Le coude de Grow sur sa cuisse, elle continua dans sa lancée, joua de nouveau sur la pression et le fit basculer devant elle, sur le ventre. Elle garda sa prise sur les nerfs du poignet, et ses deux genoux sur le soldat : l’un dans le bas du dos et le second sur le crâne. Il était totalement maitrisé. Grow tapa de sa paume sur le tapis, quémandant l’arrêt. Gabby fut à peine dégagée qu’il se jeta à l’assaut, prit d’un accès de rage. Ayant prévu le coup et consciente que ce n’était là qu’un sursaut d’un trop-plein d’émotions, la jeune femme recula de quelques pas lorsqu’il la saisit par les épaules, appuyant de ses pouces dans la cavité creuse entre les os. Il l’aurait très certainement entrainé au sol si elle n’avait pas brusquement ancré sa jambe arrière dans le tapis, et brisé la prise de Grow en tapant de son coude à l’intérieur des siens avant de le relancer en pleine mâchoire de son adversaire et flanqué un grand coup de pied au niveau de la ceinture. Elle entoura le cou de Grow de son bras, le cambrant en arrière de sa main qui vint chercher son menton, frappa de son poing au même point d’impact que le précédent et conclu par un coup de talon sous la ceinture. Le soldat poussa quelques râles, mais ne daigna plus commettre une nouvelle action contre Vincens, préférant rester sagement au sol.

 

  • Un soldat n’agit pas sous le coup de l’émotion !, sermonna-t-elle, sans ressentir le moindre essoufflement, Agissez avec elle, et vous êtes foutus ! Raisonnez avec votre logique de combattant, d’un défenseur de la République ! (Elle baissa les yeux vers Grow qui cachait son visage dans le tapis) Personne n’est à l’abri de perdre un compatriote, un ami. Nous avons perdu ou nous perdrons tous quelqu’un. (Elle laissa la suite en suspend, comme si elle tâchait de se convaincre elle-même de ce qu’elle allait ajouter : ) Combattez en hommes. Combattez en Républicains ; vous n’êtes pas là pour jouer les fillettes fleurs bleues.

 

John lui-même n’osa émettre le moindre son, posant son menton sur le dossier de la chaise, songeur. Gabrielle aida Grow à se relever, gardant une main sur son épaule, se tournant de nouveau vers son unité :

 

  • Je dois pouvoir compter sur chacun de vous sur le terrain. En proie à la mort, vous êtes les seuls en qui je peux avoir confiance et cette confiance doit être réciproque. Contre n’importe quel ennemi, vous êtes mes frères. Grand bien vous fasse ailleurs, ça m’est égal. Mais lorsque vous êtes sous mes ordres, nous sommes une famille. Et une famille n’est rien sans les membres qui la composent. Suis-je claire ?

  • Oui, madame !, répondirent-ils en chÅ“ur, tête haute, le regard fier.

  • Limpide, même., lança John d’un sourire narquois.

 

Braham n’était pas sûr que Gabrielle soit elle-même une convertie de son propre prêché. Mais il ne pouvait pas nier que l’unité de Vincens avait fait mainte fois ses preuves en ce qui concerne la loyauté et les performances sur le terrain. Et cela, elle le devait à la jeune femme. Cette dernière avait soudé ses hommes et cette solidarité ne devrait jamais être brisée sous peine de conduire la troupe dans un carnage. Si l’un d’eux faiblissait, toute l’unité en subirait les conséquences sur le terrain. John admirait ces valeurs guerrières, la solidité qui en découlaient. Gabrielle lança un « rompez ! Â», satisfaite de sa leçon entendue et approuvée. Grow, penaud, osa à peine lever les yeux vers elle pour la saluer. Ce petit bout de femme lui avait permis d’avoir les idées plus claires mais, surtout, de le remettre à sa place. Ryan fut, certes, un de ses plus chers amis, mais le reste de l’unité devait pouvoir compter sur lui en toutes circonstances. Et afin de palier à toute nouvelle perte aussi douloureuse, il devrait faire preuve de sang-froid.

 

                John attendit Gabrielle à la sortie de la caserne, tandis que la jeune femme s’était apprêtée pour prendre son service. Il fallait qu’elle prenne la route pour la nouvelle école récemment ouverte, à dix minutes en voiture. A l’instar de d’habitude, elle ne portait pas l’uniforme kaki mais le noir, propre aux Forces Spéciales. Rare étaient les fois où elle le revêtait, ses missions n’étant jamais de grandes envergures. Cette journée marquait un grand coup parmi les soldats des Forces Spéciales de la caserne, désireux de prendre du service pour appliquer leurs longues années de formation. Le capitaine de la troupe aux allures d’ombres funestes  s’attelaient à informer ses hommes de leur destination. Déjà au courant, Gabrielle n’écouta que d’une oreille. L’idée de remettre les pieds dans une école militaire, quand bien même cela fut-il pour son devoir, lui donnait froid dans le dos. John s’en doutant, et en ami fidèle, il avait décidé de lui montrer une marque de soutient en l’accompagnant jusqu’à la Jeep. N’étant pas des Forces Spéciales républicaines, Braham n’avait pas à les accompagner de son Bionique, d’autant plus qu’il s’agissait d’une mission censée être confidentielle dont lui-même, ni Gabrielle n’avait obtenu le moindre indice. La jeune femme procéda soigneusement à l’enfilement de sa cagoule sombre. D’un geste qui se voulut tendre, John l’aida à l’ajuster sur sa nuque ce qui lui valut le regard inquisiteur de son amie.

 

  • Je peux le faire seule., protesta-t-elle.

  • Certes, mais pas aussi bien que si quelqu’un t’y aide.

 

Seuls les deux yeux saphir frôlant la limpidité et aussi cinglant que des lames ressortirent de l’attirail de jais. S’il était bien une chose qu’elle supportait encore moins que sa désinvolture, c’était bien sa façon de vouloir la dorloter, surtout en présence de ses collègues et de son supérieur.

 

  • Ne tue pas trop de monde., voulut plaisanter John lorsque Vincens s’avançait vers la Jeep.

 

Mais cette remarque malvenue ne réussit qu’à assombrir l’humeur de la jeune femme alors qu’elle s’installait parmi son unité dont, cette fois-ci, elle n’avait pas la responsabilité.

 

                En cours de route, le capitaine de leur faction ordonna l’arrêt de la voiture. Sans question, les soldats descendirent en silence de la Jeep, vérifiant la sûreté de la zone, l’arme à l’épaule, la visière de leurs casques rabaissée. Ils s’étaient arrêtés dans une rue déserte, abandonnée, aux bâtiments aux murs gris dont les fenêtres totalement brisés et la qualité des intérieurs signifiaient l’absence de tout habitant depuis quelques années. Le capitaine ne se formalisa pas de la sécurité, indiquant à l’unité que la zone était sûre rien qu’à son indifférence aux lieux. Ceux-ci étaient si reculés qu’il n’y avait aucun bruit. Gabby se douta qu’il s’agissait d’une zone réservée à l’armée, dont ils n’avaient pas connaissance. Il ordonna à Gabrielle et un autre soldat, Bryan Land, de s’approcher et de changer leurs armes qu’il leur confia. Il ouvrit deux mallettes devant eux. Gabby déposa son Famas quoiqu’avec peine, peu désireuse d’avoir en main un autre calibre dont elle pourrait moins bien maitriser le poids. Elle haussa imperceptiblement un sourcil à la vue de la nouvelle arme.

 

  • Un Heckler & Koch G3 TGS, calibre 7, 62 mm., constata-t-elle silencieusement, Avec un lance-grenades 40mm.

​

 

Ce n’était pas là une arme qu’elle utilisait habituellement. D’autant plus qu’elle remarqua une fluorescence qu’elle n’avait encore jamais vu, comme flotter dans le chargeur. Elle le porta à la hauteur de ses yeux, curieuse. La jeune femme avait déjà vu cette couleur, cette matière, mais elle n’aurait su dire où. Une seule chose était sûre, on venait de lui remettre une arme nouvelle sur le marché. Son capitaine, Orlow, ne lui donna pas plus d’explications mis à part que le fonctionnement rester le même. Gabrielle ne se permit pas d’insister, enclenchant le chargeur avec habitude. Sa surprise fut plus grande encore lorsque la fluorescence réagit comme un courant électrique tout le long du fusil : de la crosse jusqu’au canon. Ses doigts n’en eurent ressentis aucune chaleur, aucune douleur. Bryan et la jeune femme échangèrent un regard qui en dit long sur leur légère appréhension.

 

  • J’ignore à quoi ils jouent, songea Gabrielle, mais quelque chose me dit que ce n’est pas pour pique-niquer.

 

Comme pour répondre à ses pensées, le flux étranger dans le fusil lança un nouveau courant électrique, qui scintilla dans le méandre des deux billes saphir de Gabrielle.  

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